Coup de Théâtre à l’Opéra de Toulon
Jérôme Gay N°2 de l’Opéra est écarté de la direction et d’une possible nomination à la succession de Claude Henri Bonnet.
Après l’officialisation de l’ouverture à candidature pour la nouvelle direction de la maison lyrique varoise, monsieur Jérôme Gay directeur adjoint et co-directeur artistique, par courtoisie envoie un courrier au maire de Toulon et aux instances de TPM pour les informer de sa candidature à ce poste.
Deux jours après, il est convoqué à l’Hôtel de la Métropole. Après avoir dû donner son téléphone portable on lui indique, dit-il, qu’il va être licencié de son poste de directeur adjoint, avec dix jours pour réagir à la nouvelle et, en des termes qu’il perçoit d’une violence inattendue, qu’on ne veut plus de lui à l’Opéra, qu’il est libre de présenter sa candidature mais que de toute façon elle ne sera pas retenue.
Il précise : « je suis tombé des nues d’autant que lorsque demandant les motifs de ce licenciement et de cette mise à l’écart à priori, ils ne m’ont rien précisé. » Motif invoqué « Vous cristallisez tous les problèmes ! ».
Quelle mouche a donc piqué Valérie Paëcht, directrice générale de TPM et Conseillère juridique de l’Opéra (OPCC) et les deux amiraux présents Yann Tainguy adjoint à la culture de la Ville de Toulon et Président de l’Opéra, Jean Luc Delaunay Vice-Président de l’Opéra, personnes habituellement courtoises et pondérées ?
Cette décision unilatérale et la violence du procédé, sans la présence du maire de Toulon ni du directeur de l’Opéra, ont surpris par sa brutalité ; la nouvelle s’est rapidement répandue dans les coulisses du théâtre.
TPM fait le ménage avant les travaux ?
Nous n’avons pu joindre aucun responsable à TPM pour commenter les faits. En revanche Jérôme Gay a réagi à ce processus. Il est totalement choqué.
Bien sûr le changement de direction d’une structure comme l’Opéra implique l’arrivée d’une nouvelle équipe. Avant d’offrir sur un plateau à la nouvelle directrice ou au nouveau directeur cette belle maison, il est de bonne guerre de présenter le cadeau avec le moins de problèmes possible. D’autant qu’il y a un procès toujours en cours en cassation avec l’orchestre et les syndicats…
Monsieur Jérôme Gay porterait-il le fardeau du passif accumulé ?
Dans la Torah cela porte un nom, le bouc émissaire, celui que l’on chassait dans le désert avec sur le dos tous les péchés d’Israël !
Ou bien est-ce le début d’une tabula rasa généralisée pour permettre à la nouvelle équipe directoriale de s’installer dans un nouveau projet ? ce qui serait beaucoup plus grave. Cette méthode expéditive ne laisse rien présager de bon pour les personnels et les corps artistiques en particulier. En tout cas ce n’est pas ce qu’avait annoncé Hubert Falco le 19 octobre dernier devant l’ensemble du personnel, affirmant « Personne ne sera inquiété ! » Ce n’est pas sa méthode. Toujours est-il que l’affaire Gay risque d’exacerber de légitimes inquiétudes à l’approche de la fermeture de l’Opéra pour travaux. Le maire de Toulon, soucieux de la cohésion citoyenne en est-il conscient ?
Des conséquences juridiques ?
Au-delà des faits et sans préjuger des intentionnalités, ce qui semble en jeu ici c’est le procédé sur le plan humain, professionnel et même juridique.
En effet monsieur Jérôme Gay estime qu’en 19 ans de direction et 36 ans de présence comme salarié à l’opéra, il n’a ni fauté, ni dérapé ; aucun blâme, aucun dossier contre lui.
Lors des derniers conflits, il lui a même été demandé de participer aux négociations avec les instances syndicales représentatives. Alors pourquoi ?
De plus annoncer que l’on refusera un projet présenté dans le cadre d’un appel à candidature avant même de l’avoir examiné semble pour le moins discutable sur le plan de l’équité.
Une carrière toulonnaise exemplaire
Arrivé à Toulon en 1986 comme contrebassiste sous la direction de Guy Grinda, monsieur Gay compte 36 ans de maison. Il est choisi par Claude Henri Bonnet d’abord comme régisseur de l’orchestre puis devient Directeur adjoint en 2003 et enfin Co directeur artistique depuis deux ans. Ce choix honore Claude-Henri Bonnet qui semble à l’écart du procédé d’éviction lui-même partant à la retraite.
Monsieur Gay est reconnu sur le plan national comme un programmateur éclairé au goût très sûr. Il a tout pour faire un directeur compétent d’une grande maison lyrique. D’ailleurs le Centre français de promotion lyrique (CFPL) l’a choisi récemment comme nouveau président pour succéder à Raymond Duffaut ancien directeur de l’Opéra d’Avignon et des Chorégies d’Orange. Il siège dans de nombreux concours lyriques nationaux et internationaux. Il est également membre du bureau du syndicat patronal « Les Forces Musicales » et intervient au sein du Centre de ressources et de promotion « Présences Compositrices » en qualité de directeur de label discographique. Il a fait monter en puissance la saison des Concerts Symphoniques de l’Opéra de Toulon avec une programmation reconnue internationalement.
Peut-être au fond reproche-t-on à Jérôme Gay les défauts de ses qualités : une grande discrétion, le sens de la réserve, l’absence de démagogie, un travail dans l’ombre, une certaine distance avec les coteries et le monde politique, une grande exigence sous-tendue par sa passion pour la musique.
Les mélomanes, eux, peuvent témoigner de la richesse de son travail et des services qu’il a rendu à la musique varoise. Mais on sait hélas, comme disait l’écrivain Louis Ferdinand Céline, que « les hommes se vengent des services qu’on leur rend ».
Jean François Principiano
2 COMMENTS
- Laurent di Gennaro Jan 28, 2022 at 9 h 08 minÀ bien lire l’article de Mr Principiano nous constatons qu’une fois encore l’autorité lance un appel à candidature qui n’est en fait qu’un trompe l’oeil puisque un candidat « est libre de présenter sa candidature mais que de toute façon elle ne sera pas retenue » Où est l’égalité des chances? N’est ce pas un signe de prévarication? N’est pas une une limitation de la concurrence ? À quoi sert un appel à candidature si une fonctionnaire à déjà quelqu’un ou quelqu’une à placer ?
Au regard de cette situation révélée, une fois encore nous pouvons nous poser la question de savoir pourquoi n’y a-t-il aucune réaction de la part du Préfet du Var, du procureur de la République, des députés, des partis d’opposition?
Laurent di GennaroReply - NRV Jan 28, 2022 at 16 h 42 minDonner l’avenir de l’Opéra de Toulon à deux amiraux c’est oublier un peu vite que les militaires sont à la musique ce que les Anglais sont à la cuisine. Cette belle maison de l’art lyrique mérite mieux et un VRAI appel à candidature avec un vrai jury s’imposent.Reply