Festival de Musique au Château de Solliès-Pont
By TV83.info -Juil 11, 2022
Une initiative heureuse, trois soirées réussies
Dans la Cour du Château très bien aménagé, à l’acoustique de plein air préservée par des panneaux de réflexion, les trois soirées festivalières ont pleinement tenu leurs promesses : proposer gratuitement aux habitants de la commune une musique classique populaire, mettre en valeur un lieu très intéressant sur le plan patrimonial avec un accueil familial et détendu, faire mieux connaître enfin l’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Toulon.
Mercredi 6 juillet « Une soirée avec Mozart »
Dès les premiers accents du concerto pour Harpe et Flûte Philippe Bernold s’est affirmé comme le maître de la situation. Ce grand flûtiste, entr’autre professeur au CNSM de Paris et qui fut flûte solo à l’orchestre de Lyon, possède un son d’une grande pureté, une ductilité élégante, une virtuosité sans ostentation et surtout, dans cette partition, une musicalité d’une rare sensibilité. Superbe andantino central en dialogue
avec sa charmante partenaire la harpiste Anaïs Gaudemard. Philippe Bernold est un digne représentant de l’école française de flûte, celle de François Devienne, Paul Taffanel, Alain Marion, Pierre-Yves Artaud et Rampal. « Les doigts et la langue marchent ensemble de manière irréprochable » précisait Henry Altès un de ses grands représentants. On aura pu admirer l’égalité des sons, les legati parfaits, les passages d’octaves impeccables de Philippe Bernold. En somme la recherche de la musique avant toute chose sans compter le charme, le charisme, l’allure et la gentillesse.
En tant que chef dans la 29me Symphonie de Mozart, en deuxième partie, il démontra une chaleureuse disposition d’esprit, une adaptabilité à la formation toulonnaise que l’on a senti réceptive à ses choix de tempi et une battue classique lisible que l’on aurait aimé plus incisive dans l’allegro con spirito final. Dans une sympathique intervention en bis il donna avec Anaïs Gaudemard une réduction Harpe et flûte de la charmante, très célèbre, pré impressionniste Danse des Ombres heureuses d’Orphée et Eurydice de Gluck. Moment de fraîcheur bienfaisante également avec le bis d’Anaïs Gaudemard la Source opus 23 d’Albert Zabel, interprétée avec autorité, fluidité et poésie. Même les cigales se sont émues devant cette cascade d’arpèges et de glissandi mouillés.
J’ai eu des échos très positifs du concert choral Gaité Lyrique du 8 juillet auquel je n’ai pu assister et je le regrette car j’étais à la première mondiale de l’opéra de Pascal Dusapin au Festival d’Aix.
Samedi 9 juillet les Cordes Chantantes
Au cours de cette troisième soirée on a pu apprécier les qualités de la violoniste Laurence Monti en soliste dans des pages de Fritz Kreisler, Paganini et Vivaldi. C’est assurément un tempérament affirmé et une artiste sensible. Son jeu est ample et respiré, son vibrato expressif. Elle a donné les traits du concerto de Vivaldi extrait des Quatre Saisons avec beaucoup d’assurance sur un violon aux sonorités amples et chaudes. La méditation de Thaïs, bien déployée dans un esprit post romantique légèrement plus retenu, a permis également d’admirer son jeu sur la chanterelle d’une belle élégance avec des incrustations nuancées sur les doubles cordes.
La formation des cordes conduites à l’archet avec engagement et musicalité par Benoît Salmon s’est affirmée progressivement jusqu’à la Sérénade de Tchaîkowsky dont la valse servit de bis offert au public enthousiaste.
Une réussite à poursuivre
Cette initiative, opération conjointe de la ville de Solliès-Pont et de l’Opéra de Toulon, est une réussite. C’est ce qu’a précisé le premier magistrat de la ville André Garron qui souhaite voir se poursuivre cette belle aventure l’an prochain.
Bien organisée par Régis Vian Des Rives Directeur délégué au développement et au mécénat, bien suivie par un public conquis, elle témoigne de deux choses importantes : d’une part que la prise de conscience du rôle de la culture dans la vie des citoyens est salutaire, et que d’autre part, l’opéra TPM a raison de mettre en valeur ses artistes. Ce sont eux les véritables artisans du rayonnement Culturel. L’Opéra de Toulon a donc besoin plus que jamais d’un orchestre et d’un chœur permanents. La qualité et l’homogénéité d’une phalange musicale est à ce prix, l’excellence implique cette exigence.
Il y a une lettre célèbre de Mozart en italien à son père lorsque le jeune compositeur arrive à Vienne qui est un cri du cœur « Babbo avremmo trenta cinque musicisti stabili, che felicità finalmente ! » Papa nous aurons trente-cinq musiciens permanents, quel bonheur enfin ! ».