Éric Courrèges violoncelle au poing !
Pour la première fois dans le Var l’intégrale des Suites pour violoncelle de Jean Sebastien Bach sera donnée par le même interprète en trois concerts successifs les 24,31 juillet et 7 août à Taradeau. Superbe initiative !
Bach plus six !
Eric Courrèges fait partie des violoncellistes français les plus appréciés de sa génération. Soliste de l’orchestre Philharmonique de Montpellier puis soliste de l’Orchestre Symphonique d’Europe et soliste de l’Orchestre des Concerts Lamoureux il joue également dans des formations telles l’Opéra de Paris, l’Orchestre National de France et l’Orchestre d’Ile de France. Eric Courrèges joue sous la direction des plus grands chefs d’orchestre comme Lorin Mazel et Seiji Osawa. Il donne parallèlement des centaines de concerts en soliste et en musique de chambre en France, Corée, Japon, Israël, Turquie, Italie, Espagne, Tunisie, Norvège, Allemagne, Polynésie, Nouvelle Calédonie, Mexique.
Un chambriste hors pair
Il se produit en sonate avec les pianistes Erik Berchot, Dimitris Saroglou, Georges Pludermacher, avec les violoncellistes René Benedetti et Florent Audibert, les violonistes Olivier Charlier, Philippe Bride, Saskia Lethiec, Stéphane Rullière et Vadim Tchijick, les mezzos Karine Deshayes et Delphine Haidan. Eric Courrèges a joué au sein de l’ensemble 2E2M, l’ensemble Calliopée et le quatuor Hermarque dont il est le fondateur. Son jeu est ample et respiré. Son art du phrasé profond et sa musicalité sont reconnus par les spécialistes. Nous avons pu déjà l’apprécier comme soliste et chambriste dans le festival des Chapelles ou le Festival Gloriana depuis plusieurs années.
Une grande œuvre aux confins de l’art et de la spiritualité.
Les six Suites pour violoncelle de Bach sont une des plus grandes créations du génie artistique humain. Ces Suites sont un élément incontournable du répertoire pour violoncelle, d’abord en raison de leurs qualités musicales, ensuite pour leur intérêt pédagogique et théorique. Bach met ici en valeur toutes les possibilités polyphoniques de l’instrument. De plus elles sont aussi considérées comme un message de paix et de fraternité intériorisées. Leur écoute devrait être remboursée par la Sécurité Sociale…
Les plus grands noms
L’interprétation des Suites fait partie du cursus honorum du violoncelliste moderne : Pablo Casals, Pierre Fournier, Jacqueline du Pré, Paul Tortelier, André Navarra, Yo-Yo Ma, Mstislav Rostropovitch, Janos Starker, Raphaël Pidoux, et tant d’autres se sont pliés à l’exercice. Certains interprètes ont attendu la maturité pour enregistrer les Suites : Casals à plus de 60 ans (1936-1939), Pierre Fournier à 54 ans (1961), Navarra à 66 ans (1977) Tortelier à 47 (1961) puis 69 ans (1983), Rostropovitch à 63 ans (1990), Yo-Yo Ma après 35 ans (1990-1998).
Une difficulté progressive
Dans l’ensemble, la difficulté technique modérée des trois premières suites ne fait aucunement obstacle à leur interprétation par tous. Certaines danses sont même parfaitement accessibles dès les premières années du débutant. Dans les conservatoires et écoles de musiques, les suites sont au programme de la majorité des concours et examens.
Des suites de « danses »
Les six pièces suivent un plan de suite de danses avec ses quatre danses obligatoires d’époque baroque : allemande, courante, sarabande et gigue, toutes dans la même tonalité.
Le plan, retenu par Bach est : d’un prélude, une allemande, pièce au contrepoint très structuré, ancêtre de l’allegro de Sonate, puis une courante, une sarabande, ancêtre du mouvement lent de la sonate, dés « galanteries » (une pièce « double » : menuet, gavotte ou bourrée), invariablement une première partie dans la tonalité principale, et une deuxième dans la tonalité relative. Cette pièce est l’ancêtre du troisième mouvement de la sonate (scherzo-trio), ensuite une gigue, ancêtre du mouvement vif conclusif de la sonate.
Les deux premières suites comportent un menuet, les suites III et IV une bourrée et les deux dernières une gavotte. Les suites se démarquent dans l’œuvre de Bach par leur continuité ; il semble probable que Bach lui-même les ait écrites comme un cycle.
La complexité technique augmente progressivement
Les trois premières suites sont écrites dans des tonalités ne présentant aucune difficulté au violoncelle — sol majeur (les fa dièses sont d’accès aisé à toutes les positions), ré mineur (si bémol et do dièse) et do majeur. La quatrième suite est écrite en mi bémol majeur, tonalité plus complexe au violoncelle (en particulier à cause du la bémol) la cinquième suite ajoute une scordatura, c’est-à-dire une modification d’accord des cordes. La sixième suite, écrite pour un violoncelle à cinq cordes, est la plus virtuose.
Richesse émotionnelle
L’émotion artistique progresse à partir de la quatrième, culminant dans la cinquième, la plus sombre, en do mineur et la mystérieuse sixième suite, d’un style plus libre, souvent proche de la cadenza c’est-à-dire de l’improvisation finale et virtuose.
Le mystère de la sixième suite
Cette suite fut écrite pour un instrument à cinq cordes (une corde aigue, accordée à Mi, une quinte au-dessus du la aigu). La nature exacte de l’instrument, cependant, n’est pas précisée. On ne sait pas pourquoi.
Elle fut peut-être composée pour une Viola pomposa, un petit violoncelle à cinq cordes, aussi nommé violoncello piccolo. L’identité de cet instrument est discutée par les spécialistes. L’instrument pourrait aussi être une version disparue d’un violoncello piccolo plus proche de l’alto, instrument dont Bach aimait jouer. La beauté musicale de la partition est stupéfiante c’est celle dont le style est le plus libre, et le plus virtuose avec des rythmes irréguliers et de nombreux ornements écrits.
Éric Courréges interprètera les six Suites lors de trois concerts dans le cadre du Festival Gloriana dans la charmante Chapelle de Taradeau à l’acoustique tout à fait appropriée 24, 31 juillet et 7 août à 19h.
Infos et réservations : www.festivalgloriana.fr tarif 17€