Ay Carmela ! Espagne année 38 !
À l’espace Comedia de Toulon vendredi 26 novembre 20h 45 Lionel Sautet propose une adaptation de la pièce de J. Sanchis Sinisterra. Ay Carmela ! Une soirée importante choisie par André Neyton. Deux comédiens pris dans la tourmente de la Guerre civile d’Espagne.
Une pièce culte de José Sanchis Sinisterra
Paulino et Carmela sont des comédiens ambulants en Aragon, pendant la guerre civile espagnole en 1938. Ces artistes de variétés habitués aux salles perdues, au public populaire, s’échauffent, se préparent, règlent les derniers détails techniques avant que le rideau ne s’ouvre. Ils ont peur. Tous les comédiens ont peur avant que le rideau ne s’ouvre, mais là, le public est armé, en uniformes franquistes, fascistes et nazis, parmi eux il y a le général Franco et la fine fleur de la croisade nationaliste, en haut, enchaînés il y a aussi un petit groupe de prisonniers étrangers qu’on fusillera demain à l’aube. Le rideau s’ouvre, Carmela tremble, la représentation va basculer.
« C’est une pièce disait Sanchis Sinisterra, sur le théâtre des pauvres, itinérant, chaleureux, maladroit, où on doit se tailler vite fait un costume dans de vieux rideaux, où le phonographe tombe en panne un soir sur deux et où il faut s’adapter à tout prix à son public. »
C’est aussi une histoire d’amour, simple et émouvante, entre deux personnes qui s’aiment, se perdent, croient pouvoir se retrouver, y parviennent presque, s’effleurent, puis, sans savoir pourquoi, s’éloignent malgré eux, se parlent de plus loin, s’écoutent sans plus se comprendre, dans deux mondes distincts.
C’est une pièce sur l’histoire enfin, qui très habilement, décrit cette période trouble faite de peur et de confusion, où le brouillard où le hasard peut faire passer d’un camp à l’autre, où la paranoïa règne, ou l’ami d’hier peut être le bourreau de demain, où l’on doit chuchoter, choisir ses mots, ne se laisser aller en rien : une guerre civile en somme. La plus terrible des guerres !
La belle version de Lionel Sautet
Il en garde l’essentiel, du rire au tragique. Espagne, 1938, zone nationaliste. Paulino traîne dans un théâtre vide. Le fantôme de Carmela vient réveiller leurs connivences et leurs désillusions. Flash-back. Carmela et Paulino, artistes ambulants capturés par les troupes franquistes, doivent improviser un spectacle de variété en l’honneur de l’armée fasciste. Dans la salle, la fine fleur de la croisade nationaliste, en armes, mais aussi quelques-uns de leurs prisonniers, jeunes volontaires des Brigades Internationales. Carmela s’en émeut, Paulino la corrige : « On est des artistes nous, non ? Alors la politique on s’en tape ! On fait ce qu’on nous demande et puis c’est tout ».
Et le spectateur de s’interroger en silence sur sa propre capacité à résister aux injonctions, à s’indigner face à l’injustice, à s’engager et surtout… jusqu’où ? En pareilles circonstances s’entend. Comme un contrepoint cinglant aux faiblesses, aux réticences et aux compromissions, montent, a cappella, les chansons du répertoire républicain, dont bien sûr El Paso del Ebro (Ay Carmela !). Émotion assurée.
Ay Carmela d’après José Sanchis Sinisterra. Adaptation et mise en scène Lionel Sautet. Avec Caroline Fay et Lionel Sautet. Vendredi 26 novembre 20h45 Théâtre Comedia 10 rue Orvès le Mourillon 83000 Toulon.
Infos et réservations 04 94 42 71 01
Jean-François Principiano