Chant du départ, chant du pétard. Dans la fumée des joints de ma mère !
Geneviève et Albert sont frère et sœur. Avec leurs deux amies, Malika et Estelle, tous âgés de 68 à 72 ans, ils décident de prendre en main, non pas leurs vies, mais leurs morts. Ils vivent (demain ?… Après-demain ?) dans un monde où les hôpitaux et les services publics n’existent plus. Dans ce mouroir. Passé 70 ans, chacun peut recevoir à tout moment un jeton annonçant sa mort inéluctable dans les 24 heures. Geneviève, Albert, Estelle et Malika ont déjà convenu d’un plan pour le jour où l’un deux recevrait ce jeton : c’est eux qui vont choisir quelles seront leurs dernières heures, qu’ils veulent festives, débordantes, joyeuses, enivrées et planantes. Pétards à volonté ! Nous allons vivre cette ultime fête en leur compagnie et ce n’est pas triste ! Toulon et Draguignan se partagent le bonheur de ce spectacle stupéfiant !
Le chant du départ … ou bien
Jusqu’au bout la vie mérite d’être vécue. C’est le message de Socrate, condamné pour corruption de la jeunesse qui réclame une flûte quelques heures avant de boire la ciguë. Devant l’étonnement du gardien il dit : « j’ai toujours espéré apprendre à jouer de la flûte ! » C’est un peu le message du texte de Christine Citi comédienne et auteure à succès. La mise en scène de d ce chant du départ par Jean-Louis Martinelli ajoute à cette idéation prophétique. Est-ce ainsi que les hommes vivront leurs fins de vie en 2050 ? Séduit par le style célinien de Christine Citti, Jean-Louis Martinelli retrouve l’auteure dont il avait mis en scène la première pièce « Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner ».
Le chant du pétard ?
C’est Albert, le premier, qui reçoit son jeton signal qu’il doit partir ; Albert qui a pour meilleur ami le poisson rouge Archibald, fan comme lui du chanteur Christophe ! La fête va s’organiser dans un joyeuse anarchie pour ce chant du pétard triomphant. Par ailleurs les grands problèmes de notre temps sont évoqués dans une conception théâtrale de Fantaisie caricaturale mêlant le rire au drame. On rit à travers les larmes, on sourit parmi les fêtards de la dernière heure ! Et on fume le pétard ultime ! « La vie de ma mère ! Ça va planer ! » proclame Albert.
Les interprètes sont de bons comédiens, Darina Al Djoundi, Christine Citi, Alain Fromager, Laurence Roy, Samira Sedira et Arthur Oudot. Collaboration artistique Thierry Thieu Niang, Fabien Chalon, Musique Sylvain et chansons de Christophe. Un spectacle qui nous vient de la maison de la culture de Seine Saint-Denis, Bobigny. C’est du grand et beau théâtre sans rhétorique ni complaisance.
Jean-François Principiano
Du 2 au 4 décembre 2021 20h 30
Théâtre Liberté Toulon www.chateauvallon-liberté.fr
et
14 décembre 2021 20h 30
Théâtres en Dracénie, Draguignan Théâtre de l’Esplanade 04 94 50 59 59