Châteauvallon : Sombre est la nuit, grande l’espérance !
Reprise à Châteauvallon les 24 et 25 novembre à 20h 30 du beau texte d’Emmanuel Meirieu, Dark was the Night.
Bouteille dans l’infini cosmique
En 1977, des hommes placent à bord de la sonde Voyager un message destiné aux civilisations extraterrestres : le Voyager Golden Record. Ce disque d’or de l’humanité contient des images, des sons, des extraits de textes littéraires et des musiques dont un vieux blues : Dark was the Night. C’est le point de départ de l’invitation au voyage d’Emmanuel Meirieu
Bonjour tout le monde !
Le Golden Record c’est donc une bouteille envoyée à la mer interstellaire qui contient 118 photographies, des salutations en 55 langues et 27 musiques. Parmi elles, Dark was the Night, Cold Was the Ground (Sombre était la nuit, froide était la terre) du bluesman Blind Willie Johnson…
Outre différents bruits naturels (vent, tonnerre, pluie) et cris d’animaux (chants d’oiseaux et de baleines), le comité Karl Sagan a intégré des salutations prononcées par des terriens a l’ensemble de l’Univers. Ainsi, en français on entend une voix féminine dire « Bonjour tout le monde ! » et en Italien « Ciao à tutti ! » Quelqu’un répondra-t-il un jour ? C’est l’espérance folle de trouver une autre forme de vie avec laquelle nous pourrions dialoguer. C’est surtout une idée théâtrale magnifique.
La vision d’Emmanuel Meirieu
Emmanuel Meirieu qui nous avait tant ému à Châteauvallon il y a quelques années dans Les Naufragés fait le parallèle ici entre ce vieux blues flottant parmi les étoiles, témoin de la meilleure part de notre étrange et fascinante espèce humaine et le destin tragique de son compositeur, mort à 48 ans d’une pneumonie, l’hôpital refusant de le soigner en raison de sa couleur de peau.
Le décor construit par l’atelier du Théâtre du Nord reproduit la colline au pied de laquelle le corps du musicien avait été enfoui, dans une tombe sans nom, comme tous les descendants d’esclaves.
Une profession de foi
L’auteur et metteur en scène a déclaré : « Je voudrais que tous mes spectacles soient des monuments aux oubliés, aux abandonnés, aux fracassés, aux sans-histoires, aux sans-traces, à tous ceux que la Grande Histoire efface et ne raconte jamais.
Willie Johnson était un misérable du Texas, descendant d’esclaves, orphelin de mère, prêcheur évangéliste et bluesman, rendu aveugle à l’âge de 7 ans par sa belle-mère qui lui jeta une poignée de lessive au visage et brûla ses deux yeux, mort pauvre et anonyme mais devenu ambassadeur intergalactique de l’Humanité, et dont la voix et la musique, qu’il avait appris à jouer sur une guitare en boites à cigares, résonneront à jamais dans les poussières cosmiques et les particules interstellaires : “Noire était la nuit, froide était la terre… »
D’un cimetière noir américain du Texas des années 20 jusqu’à la conquête de l’espace, voilà l’itinéraire initiatique qui est proposé. Entre tragique et espérance infinie.
Une soirée à ne pas négliger avec Stéphane Balmino, François Cottrelle, Jean-Erns Marie-Louise, Nicolas Moumbounou, Patricia Pekmezian. Texte et Mise en scène Emmanuel Meirieu, musique originale Raphael Chambouvet.
Je joins le blues déchirant de Blind Willie Johnson et le sublime 13eme quatuor à Cordes de Beethoven. Au fond des galaxies les plus lointaines le public pourra choisir !