Concert Virtuel Au bord du monde retrouvé !
Le 3 décembre devait avoir lieu un concert à l’opéra de Toulon justement nommé Au bord du monde. Pour cause de Covid le concert fut annulé. Le programme était alléchant : Waksman, Duparc, Prokofiev et Tchaïkovski. Le public devait découvrir la nouvelle cheffe co-directrice musicale de l’opéra de Toulon Marzena Diakun et la pianiste Yuliana Avdeeva.
Grâce à la magie des réseaux sociaux TV83 vous propose ce programme tel qu’il devait se dérouler. Rien n’est perdu Il est retrouvé.
En ouverture on devait entendre de Fabien Waksman Protonic Games. (2018) Un hommage musical à la physique quantique. Une partition puissante et rythmée décrivant la circulation aléatoire des protons et autres particules élémentaires dans un grand cyclotron.
La deuxième œuvre au programme était le poème symphonique d’Henry Duparc, le grand mélodiste français (1848-1933) Aux Etoiles orchestration de 1910, d’après son nocturne pour piano de 1874. Œuvre méditative et tendre hommage aux cieux étoilées de l’été.
La troisième partition constituait sans doute le moment fort de la soirée, avec le 3eme concerto pour piano de Serge Prokofiev datant de 1921.
C’est en France, trois ans après le départ de Russie, que le Troisième Concerto voit le jour. S’il n’a rien perdu de la virtuosité du Deuxième avec ses traits, ses accords martelés, ses sauts du grave à l’aigu, ses courses d’arpèges, l’ensemble est moins abrupt, le lyrisme plus affleurant : ainsi à l’ouverture de l’œuvre, confiée à une clarinette, soutenue par flûtes et cordes. Sur cette trame poétique se greffe soudain le piano, tout de suite brillant et véloce. Rebondissement, jeunesse, dialogue par courtes séquences avec l’orchestre, le caractère général est donné. Les climats sont variés, les changements de tempi rapides. L’ensemble est en trois mouvements : un Andante-Allegro, un Andantino structuré en thème et variations (cinq variations), un finale de forme ABA. Un pur joyau.
Et pour terminer, le concert devait s’achever avec le poème-fantaisie symphonique de Tchaïkovski la Tempête d’après la pièce de William Shakespeare.
Shakespeare avait déjà inspiré Tchaïkovski, comme beaucoup des compositeurs romantiques, avec son ouverture fantaisie Roméo et Juliette de 1869-1870, et il y reviendra encore avec Hamlet en 1888. Il n’est pas étonnant que le compositeur, après avoir demandé en 1872 au mentor littéraire du Groupe des Cinq, le critique et journaliste Vladimir Stassov 1824-1906, de lui proposer plusieurs sujets possibles, qu’il ait finalement de nouveau choisi une pièce de Shakespeare.
La Tempête ressemble d’ailleurs beaucoup par sa structure à la première œuvre shakespearienne de Tchaïkovski, mais également par la force de son thème de l’amour, qui se mêle aux éléments. L’évocation de la mer et de la tempête est aussi particulièrement frappante, peut-être marquée par l’influence du Sadko de Rimski-Korsakov. Tchaïkovski a placé en exergue un texte résumant tant les épisodes de sa composition que la pièce : »La mer. Ariel, l’esprit des airs qui déchaînera la tempête sur l’ordre du magicien Prospero. Naufrage du navire à bord duquel se trouve Fernando. L’île enchantée. Premiers élans d’amour timides entre Miranda et Fernando. Ariel et Caliban. Les amants s’abandonnent à l’enchantement triomphant de la passion. Prospero se défait de son pouvoir magique et quitte l’île. « Une partition brillante qui devait terminer ce concert.
Nos amis mélomanes auront donc le plaisir de découvrir l’intégralité de ce programme grâce à la complicité de YouTube. Musicalement vôtre !
Jean-François Principiano