Sanary : Con fuoco en concert l’exigence et la qualité
Le Quatuor Con Fuoco en italien avec flamme ! propose un concert au Temple Protestant de Sanary le 21 décembre à 19h. Ce sympathique ensemble classique a été formé en 2015 par des artistes professionnels, actuellement membres de l’Orchestre de l’Opéra de Toulon : Sylvie Bonet 1er Violon, Hélène Clément 2eme violon, Alain Pelissier Alto, Manuel Cartigny violoncelle.
Un programme exigeant
Les musiciens interpréteront entr’autre une pièce majeure du répertoire pour quatuor à cordes, le Quatuor dit « Américain » de Dvorak une des œuvres les plus connues du compositeur tchèque et date de sa période heureuse lorsqu’il était invité aux états unis
Ce Quatuor à cordes no 12 en fa majeur, B. 179 (op. 96) dit « Américain », écrit pendant les vacances d’été de 1893 dans l’Iowa, dans les grandes plaines peuplées d’une importante colonie tchèque, notamment des agriculteurs immigrés devenus cowboys qui appréciaient avec nostalgie la musique de Dvorak à l’église, est l’une des œuvres de musique de chambre les plus célèbres du répertoire.
Dans mon île déserte.
Ce n’est pas seulement l’Amérique qui est évoquée, mais également l’Europe centrale. Les quatre mouvements (respectivement Allegro ma non troppo, Lento, Molto vivace et Finale vivace ma non troppo) furent esquissés en moins d’une semaine et la composition de l’ensemble prit à peine quinze jours. Dvorak travailla donc dans un sentiment d’euphorie, sinon de facilité. Comme si les impressions exotiques des espaces américains s’étaient accordées idéalement, pendant ce beau mois de juin 1893, avec son tempérament tchèque.
Cette synthèse pleine de lumière est perceptible dans les gammes pentatoniques du premier mouvement, dans le lyrisme rêveur du Lento, et dans les trilles d’une fauvette que Dvorak entendit dans son jardin et dont il reproduisit le chant à la fin de l’œuvre. Pourtant le charme incomparable de la partition (une des rares que j’emporterais dans mon île déserte) demeure la nostalgie du pays natal, que souligne la beauté lumineuse des ultimes mesures après l’imitation, ou plutôt la transfiguration, d’un gospel song dont la mélancolie traverse le dernier mouvement, imprégné tout entier d’un rythme jubilatoire. Quelle musique !
Komitas le chantre de l’Arménie
Autre bonne surprise du programme, les Miniatures de Komitas pour quatuor. Ce sont des petits croquis musicaux plein de charme et de poésie. Prêtre et compositeur Komitas a été le défenseur et re découvreur de la tradition musicale arménienne en tant que musicologue. Comme Bartok il a collecté plus de trois mille chants de la tradition populaire, arménienne ou autre. Chanteur admiré de son vivant, pianiste accompli et familier de différentes sortes d’instruments, c’est un compositeur et poète au service d’une foi mystique qui rapproche le cœur des hommes de celui de la nature. Ses concerts choraux et ses conférences pédagogiques lui ont servi à illustrer l’emploi de la technique vocale occidentale à l’interprétation de la monodie traditionnelle. Cette double œuvre, de conservateur et de créateur artistique, est à l’origine à la fois de la sauvegarde et du renouveau de la musique arménienne. Ami de la France ou il s’était réfugié, il est mort en 1935 prés de Paris entouré de ses fidèles et admirateurs. Son style d’écriture est une heureuse synthèse entre la modernité et la tradition harmonique caucasienne et arménienne.
On le voit le Quatuor Con Fuoco a choisi l’originalité et la qualité, à la mesure du talent de ses interprètes. Nous y serons !
Temple Protestant de Sanary mercredi 21 décembre 19h participation 12 euros
Renseignements 06 84 13 34 43 Concert de Noël de l’Association Art et Rencontres