Le Quatuor Modigliani à Toulon
Une soirée musicale à retenir
Le Festival de Toulon a programmé un concert du Quatuor Modigliani, sans doute le plus côté de nos jours en France dans un programme particulièrement riche avec des œuvres de Strauss Smetana et Schoenberg. Un petit événement musical pour notre ville !
Le Quatuor Modigliani, formé en 2003, s’impose parmi les quatuors les plus demandés de notre époque, il est l’invité régulier des grandes séries internationales et salles prestigieuses dans le monde entier. Il est composé de Amaury Coeytaux et Loïc Rio (violons), Laurent Marfaing (alto) et François Kieffer (violoncelle). Cerise sur le gâteau se joindront à eux dans certaines pièces Violaine Despeyroux (alto) et Victor Julien-Laferrière (violoncelle).
De ma vie !
Pour ce concert Séverine Baume a choisi sans doute le meilleur de la musique pour quatuor avec le très beau 1er quatuor de Bedrich Smetana (1824-1884), en mi mineur intitulé « De ma vie ». Le compositeur tchèque écrivit ce quatuor à cordes en 1876, il est alors déjà atteint par la surdité. Si les premiers mouvements de cette œuvre biographique sont consacrés aux périodes plutôt heureuses de la vie du compositeur, qui ne connaît pas le splendide quatrième mouvement, et la note sur-aiguë, magnifique, tenue au violon, symbolisant la maladie du compositeur ? Smetana avait reçu de son éditeur des honoraires ridicules quant à la parution de ce quatuor : il ne pouvait pas alors prévoir que son œuvre compterait un jour au rang des quatuors à cordes les plus célèbres. A ma connaissance c’est la première fois qu’il sera joué a Toulon par une formation professionnelle.
Richard Strauss, le lyrisme viennois !
Autre grand moment le Sextuor de Richard Strauss Opus 85. Ce sextuor sert d’ouverture à « Capriccio », dernier opéra de Richard Strauss, composé en 1942. C’est une page de magie et de charme des plus subtils, sorte de résurrection tardive et somptueuse du romantisme latent de Strauss.
Cette pièce épouse le schéma très libre d’une forme ternaire, un Andante con moto modéré, presque indolent, en fa majeur et à trois temps. Elle révèle un travail polyphonique admirable, d’une transparence infinie, avec une section centrale agitée d’une fièvre soudaine en tremolando. C’est une œuvre de maturité, avec des sinuosités de ligne et un délié de mouvement qui donnent l’impression d’une constante improvisation.
La Nuit transfigurée le triomphe de l’amour !
Il ne faut pas craindre Schoenberg et surtout ne pas hésiter à fréquenter ses œuvres de jeunesse comme cette partition ou les Gurrelieder tant le jeune maître y a mis de feu et de lyrisme
Composé à Vienne à la charnière des deux derniers siècles, « La Nuit transfigurée », dans sa version originale pour sextuor à cordes, est bien représentative de la première manière d’un compositeur de vingt-cinq ans, nourri de tradition germanique essentiellement issue de Brahms et Wagner et qui veut conquérir son public. Nous sommes bien avant sa découverte de l’écriture dodécaphonique.
Cette partition est écrit dans le sillage des deux sextuors de Brahms tout en se réclamant du genre poème symphonique romantique.
Le texte de Richard Dehmel dont il s’inspire est le dialogue entre deux amants se promenant en forêt par une nuit d’été : ils s’aiment, mais la femme avoue attendre un enfant d’un autre homme. La musique agit ici comme un commentaire des sentiments exprimés et non comme l’illustration d’une quelconque action. Bien qu’écrite en une seule pièce dans la tonalité principale de ré mineur, la forme musicale suit de près celle du poème en cinq parties enchaînées. La quatrième correspond à un long échange qui débouche sur un sommet passionné avec le retour du premier thème « transfiguré » par le mode majeur, évoquant l’enchantement du clair de lune. Une longue coda termine cet hymne à la nature et à la rédemption par l’amour.
« La Nuit transfigurée » acquit rapidement la célébrité, et Schoenberg en réalisa un arrangement pour orchestre à cordes. Sous cette dernière forme, la partition connaîtra plusieurs utilisations comme musique de ballet accompagnant diverses chorégraphies. Elle reste une des pages les plus belles du post romantisme musical. A découvrir émotion garantie.
Quatuor Modigliani à Toulon lundi 13 Mars 20h Palais Neptune
Au programme :
Richard Strauss, Sextuor à cordes, Op. 85 (Ouverture de l’Opéra « Capriccio »)
Bedřich Smetana, Quatuor à cordes n°1 en mi mineur « De ma vie »
Arnold Schönberg, Sextuor à cordes, Op. 4 « La Nuit transfigurée ».
26,50 € réduit 22,50 € spécial 13,50 €
Billetterie du Festival de musique de Toulon en ligne www.festivalmusiquetoulon.com
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