Une heure à l’Opéra, de Beethoven à Poulenc ! en passant par Ravel, Gounod et Donizetti
Que du bonheur !
Une heureuse initiative de programmation, à la fois par la qualité et par le souci d’incitation à la musique moderne. L’opéra de Toulon propose un concert récital d’une heure le samedi 4 mars à 20h avec l’orchestre symphonique de l’opéra de Toulon placé sous la direction de Victorien Vanoosten. En soliste le ténor Kiup Lee.
Cinq œuvres au programme
L’ouverture de Coriolan de Beethoven composée en 1807 pour une pièce allemande inspirée de la vie du général Gaius Marcius, général patricien de l’ancienne Rome au Ve siècle avant J.C. Il bat l’armée des Volsques et conquiert leur cité, Coriali ; en hommage les romains le nomment Coriolanus. Peu après sa victoire, la plèbe se rebelle contre les consuls ; Coriolan parvient à la calmer. Malgré cela, cédant au peuple manœuvré par quelques envieux, le Sénat refuse de l’élire comme consul. Coriolan s’emporte, menace les sénateurs qui le condamnent à l’exil. Il rejoint alors les Volsques et vient assiéger Rome à la tête de leur armée. Les larmes et les prières de sa mère, de son épouse et des femmes romaines finissent par le faire renoncer à son projet et les Volsques, révoltés, l’assassinent. Sur ce thème Shakespeare écrira un de ses chef d’œuvres. Dans l’histoire Coriolan, incapable de résoudre son dilemme moral, se suicide. L’ouverture, créée en mars 1807 lors d’un concert chez le prince Lobkowitz, rencontre un tel succès que la partition est publiée immédiatement à Vienne. Beethoven la considéra toujours comme une de ses œuvres favorites. Il réussit à transcrire en musique toute la palette des sentiments humains qui traversent cette tragédie.
La Sinfonietà de Francis Poulenc. Ce pur joyau de la musique moderne, La Sinfonietta, est l’unique symphonie de Francis Poulenc. Composée en 1947 dans un esprit néo-classique, elle constitue un hommage délicat aux symphonies de Joseph Haydn et de Mozart. Il s’agit alors d’une commande de la BBC. Intimidé par un genre qu’il n’aurait jamais osé aborder de lui-même, il intitule modestement son œuvre Sinfonietta, malgré les dimensions finalement imposantes qu’il donne à sa pièce. En fait c’est une œuvre rayonnante de lumière, de bonheur et de fraîcheur, jaillie de l’esprit d’un des plus remarquables stylistes musical de notre temps. Elle correspond à un moment d’accomplissement de ce jeune artiste désormais reconnu et accepté même dans ses déchirements intimes. Le deuxième mouvement est une perle de la musique française. Quelle bonne idée d’avoir programmé cette œuvre !
La Pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel. Partition émouvante on pourrait dire envoutante. Composée en 1899, la Pavane pour une infante défunte de Ravel répondait à une commande de la princesse de Polignac, sa dédicataire. Le jeune compositeur avait été introduit dans le salon de la mécène par son maître Gabriel Fauré. Créé par le pianiste Ricardo Vines le 5 avril 1902 lors d’un concert de la Société nationale de musique, le morceau correspond effectivement aux caractéristiques de la pavane, une danse de cour lente et grave du XVIe siècle, de forme binaire, à répétition. En dépit de son titre évocateur, la dimension pittoresque de la pièce reste cependant assez mince : « Je n’ai songé, en assemblant les mots qui composent son titre, qu’au plaisir de faire une allitération », expliquait Ravel. Il ajoutait, quant au caractère de l’œuvre : « Ce n’est pas la déploration funèbre d’une infante qui vient de mourir mais bien l’évocation d’une pavane qu’aurait pu danser telle princesse, jadis, à la cour d’Espagne. » En 1910, le compositeur arrangea lui-même le morceau pour petit orchestre, version donnée aux Concerts Hasselmans le 25 décembre 1911.
Victorien Vanoosten
Ce jeune chef est déjà un musicien accompli qui fait une brillante carrière. Titulaire de quatre Masters, il a étudié à Paris et à Helsinki avec Esa-Pekka Salonen, Pierre Boulez, David Zinman, Peter Eötvös, Jorma Panula, Alain Altinoglu, Tugan Sokhiev, mais aussi Michel Béroff, Ruben Lifschitz, Denis Pascal ou encore Jean-Claude Pennetier. Lauréat des Fondations Banque Populaire, Meyer et Sylff (Tokyo), il s’est illustré dans plusieurs concours internationaux, notamment de Besançon, Salzbourg et Radio-France et a remporté le prix « Talent chef d’orchestre ADAMI ».
Kiup Lee
Né en Corée du Sud le jeune ténor Kiup Lee a fait ses études à l’Université Kyunghee à Séoul. Il a débuté à l’Opéra de Séoul dans Nathanaël des Contes d’Hoffmann, puis a chanté, toujours dans son pays des rôles de premier plan, tels Nemorino de L’élixir d’amore et Rodolfo de La Bohème, ainsi que la 9ème Symphonie de Beethoven et le Requiem de Mozart, en concert. Après avoir entamé sa carrière en Corée du Sud, il intègre l’International Opera Academy à Gand, afin de se perfectionner. Durant son cursus en Belgique, il chante plusieurs rôles du répertoire, ainsi que des rôles d’opéra contemporain. Après une année à Gand, il entre à l’Académie de l’Opéra National de Paris, chantant régulièrement à l’Amphithéâtre Bastille et à l’Opéra Garnier.
Le public découvrira ce beau ténor dans deux œuvres du répertoire : de Roméo et Juliette de Gounod Ah Lève-toi soleil et de Donizetti le délicieux Una Furtiva lagrima de l’Elisir d’amore. Écoutons-le dans le difficile air de la Fille du régiment de Donizetti (vidéo)
On le voit, ce concert devrait attirer les mélomanes et même les plus curieux et avisés. En ces temps d’inquiétude où la culture est si indispensable il faut féliciter l’Opéra de Toulon qui propose cette soirée de haut niveau à des conditions tarifaires attractives pour les familles et le public.